"Jésus-Christ est Seigneur", qu'est-ce que cela veut dire?
Lors de la demande d'inscription à l'association cultuelle d'un E.R.F., l'engagement suivant est demandé : "... reconnaissant que Jésus-Christ est le Seigneur,
demande mon adhésion comme membre de l'association
cultuelle de l'Eglise Réformée de ..."
Ma question:
Le Seigneur dans ce cas veut-il dire 'Dieu' ? Si oui, n'étant pas en phase avec le dogme de la trinité, - pour moi Jésus, le Christ représente le fidèle messager de Dieu et non Dieu lui-même. Son message est divin. - je serais alors en désaccord avec cette clause que stipule l'inscription à l'association cultuelle, et ne pourrais donc pas l'accepter.
Merci de me donner votre avis sur ce point.
Je sais que je ne suis de loin pas le seul être dans ce cas. Votre réponse éclairera donc plus d'une personne.
Bien cordialement.
Henri
Bonjour,
Je pense (sans connaître exactement l'histoire de
cette formulation) que c'est à dessein que l'ERF propose cette
confession de foi minimale pour être membre d'une association
cultuelle. En effet, cette confession est biblique (cf. notamment
l'hymne de Philippiens 2), et n'est donc pas formulée dans les
catégories philosophiques des premiers conciles sur "la double nature"
du Christ ou sur "l'unité d'essence en trois hypostases" (Trinité).
Elle laisse ainsi une grande marge d'interprétation, elle ouvre sur une
pluralité théologique, ce qui est caractéristique de l'ERF.
En fait, l'affirmation "Jésus est Seigneur" n'est pas une affirmation sur l'être même de Jésus en lui-même ou par rapport à Dieu le Père, mais c'est une affirmation qui instaure une relation entre Jésus et l'être humain. En confessant, "Jésus est Seigneur", je reconnais sa seigneurerie sur ma vie. C'est vraiment une vérité existentielle qui nécessite un engagement de tout mon être pour "suivre le Christ" (comme le disent les évangiles).On le sait : ce terme "Kurios" était un terme au départ politique, utilisé pour désigner l'Empereur. Dans Philippiens, il est utlisé à titre de provocation: Celui qui est Seigneur, ce n'est pas l'Empereur divinisé, mais Celui qui s'est abaissé jusqu'à la mort de la Croix, paradoxe de tout l'Evangile! Je reconnais un Crucifié comme mon Seigneur, ce qui me conduit à renoncer à tous les rêves de puissance et de pouvoir sur autrui, pour entrer dans un chemin de service et d'amour, à sa suite. Cela conduit à une éthique et a des conséquences même politiques. Cette affirmation de la Seigneurerie du Christ était le fondement de la Confession de Barmen en Allemagne contre la prétention à la Toute Puissance d'Hitler, permettant ainsi un acte de résistance. Reconnaître Jésus comme Seigneur, c'est ainsi refuser à tout autre "Seigneur" de ce monde de dominer ma vie, c'est donc aussi libérateur!
Voilà je crois les implications fondamentales et surtout "relationnelles", "existentielles" de cette confession de foi. Après, chacun est libre d'exprimer selon ses catégories philosophiques et théologiques, selon ses convictions, comment il se représente Jésus par rapport au Père. Mais ces manières d'exprimer le "mystère de Jésus" ne doivent surtout pas être absolutisées, elles sont du domaine de la spéculation! et elles ne sauraient être critères d'adhésion ou d'exclusion à l'ERF.
Aucun commentaire
Actualités protestantes
-
19.11.2024 - Derniers contenus de Réformés.chFin de vie : quel choix entre soins palliatifs et suicide assisté ?
-
19.11.2024 - Derniers contenus de Réformés.chPlus de la moitié des Suisses ne croient pas en Dieu
-
18.11.2024 - Derniers contenus de Réformés.chLa sagesse soufie par les contes
-
18.11.2024 - Derniers contenus de Réformés.chMaison des Religions: 10 ans au service du dialogue
-
18.11.2024 - Derniers contenus de Réformés.chLes mots et leur bagage religieux: «Nom de Dieu!» (2)