Que penser du livre "le chemin" de Josémaria Escriva?
Que pensez-vous du livre CHEMIN écrit par Josémaria Escriva (vendu à plus de 4 millions d'exemplaires et traduit dans plus de 45 langues) ?
Il bouscule parfois le lecteur en des termes très rudes et je ne sais pas si cela s'accorde avec la pensée protestante.
Bonjour,
Ce livre écrit par le fondateur de l'opus dei me laisse très perplexe.
Certes le but de ce livre et de l'opus dei en général est noble: Il s'agit de
répondre à l'appel du Christ à la sainteté, dans tous les états de vie,
notamment dans le cadre du travail et de l'engagement dans la société. On
pourrait dire qu'on peut retrouver ce que les protestants appellent
traditionnellement la "sanctification". Dans un petit livre sur
protestantisme et mystique, j'écrivais ces lignes au sujet de Luther et de sa
critique des voeux monastiques
« Ce que reproche essentiellement Luther à la vie
monastique de son temps, c'est de faire croire que l'homme peut réaliser son
salut par une pratique ascétique et une piété ritualiste. Il juge donc les
voeux monastiques à partir de la "justification par la foi" et les
considère comme une "œuvre", une tentative désespérée de l'être
humain pour s'acquérir des mérites. Il combat aussi, au nom du "sacerdoce
universel", l'idée de deux catégories de chrétiens : d'un côté, les moines
ou les religieux qui seraient des chrétiens parfaits et, de l'autre, les laïcs
qui ne seraient que des demi-chrétiens. La théologie catholique de l'époque
établit une distinction entre les "préceptes évangéliques" qui
concernent tout le peuple chrétien et les "conseils évangéliques" qui
ne sont applicables que par une élite spirituelle. Luther rejette
vigoureusement cette distinction. Pour lui, l'Evangile (d'abord comme promesse,
mais aussi avec ses préceptes de vie) s'adresse à tous entièrement et sans
distinction.
Alors Luther et Escriva, même combat? On le voit le centre de la pensée de
Lther est la justification par la seule grâce de Dieu reçue dans la
foi/confiance. La sanctification consite à laisser grandir cette confiance en
nous, ce qui ne peut que produire des fruits d'amour. Quand on lit Escriva (je
n'ai lu que des passages de ces ouvrages qui se trouvent tous sur Internet), on
a l'impression qu'il se situe vraiment dans une théologie des oeuvres et du
mérite. La sanctification du chrétien est très moraliste, et surtout elle est totalement
prise en charge et encadrée par l'Eglise via l'opus Dei. Cf. ces pages
terrifiantes sur le directeur de conscience à qui le "laïc" candidat
à la sanctification remet entièrement sa liberté de conscience, qui fait froid
dans le dos et montre comment l'opus dei cherche à avoir un pouvoir total sur
les membres du mouvement :
"61 |
|
Quand un laïc s'érige en maître de morale, il se trompe fréquemment: les
laïcs ne peuvent être que disciples.
|
62 |
|
Directeur. — Il t'en faut un. — Pour te donner, t'abandonner..., en
obéissant. — Et un directeur qui connaisse ton apostolat, qui sache ce que
Dieu veut, de sorte qu'il seconde, efficacement, le travail de l'Esprit Saint
dans ton âme, sans te sortir de ton état..., en t'inondant de paix et en
t'apprenant à rendre ton travail fécond." |
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