Interprétation sacrificielle de la mort de Jésus?
Est-ce donc à dire que ces personnes ne retiennent du Nouveau Testament que les Evangiles ? Il me semble en effet que les Epîtres – avant tout celles de Paul – ne cessent de proclamer le message de ce sacrifice. J’avoue que j’éprouve une certaine gêne (et aussi une certaine incompréhension) face à ce que je ressens parfois comme un mépris pour une doctrine que nous refuserions, avec nos mentalités d’hommes modernes (ou post-modernes) d’accepter. La réponse de M. Birchmeier avait en tout cas un ton très définitif, dans le sens du rejet de cette doctrine. Le Nouveau Testament serait-il un supermarché ? Loin de moi l’idée de vouloir professer une opinion sans nuance, de vouloir jouer les ayatollahs évangéliques ; mais ne peut-on prendre en compte cette vision des choses, qui sous-tend tant de textes néo-testamentaires ? Antoine Nouis, dans son "Catéchisme protestant", présente d’ailleurs cette lecture sans la rejeter, tout en proposant d’autres explications à la croix.
Merci de m’éclairer ou de m’exprimer votre avis.

Bonjour,
Je ne veux pas répondre à la place de M. Birchmeier, mais comme je me suis aussi exprimé dans un sens assez proche de lui pour répondre à certaines questions, votre interpellation me concerne aussi.
D'abord, il me semble que l'essentiel, et cela nous unit entre chrétiens de confessions et de tendances théologiques différentes, c'est de reconnaître la libération que nous recevons en Jésus Christ, de par sa vie, son enseignement, sa mort et sa résurrection: libération du péché (coupure de relation avec Dieu, avec les autres et avec nous-mêmes), du non-sens, de l'angoisse de la mort. Cette confession fait de nous des "chrétiens".
Ensuite, il y a plusieurs manières d'interpréter la "mort" de Jésus en Croix, diversité d'interprétations qui existent déjà dans le christianisme primitif, comme vous le reconnaissez vous-meme en parlant des évangilres ou des épîtres. De fait, la crucifixion de Jésus a été un tel choc pour les premiers croyants qu'ils ont dû, à la lumière de la Résurrection, trouver dans les Ecritures une explication à cette mort : d'où la relecture de certains textes de l'AT, notamment les Psaumes du Juste Souffrant (cf. nombreuses citations dans les récits de la Passion), Esaïe 53, où pointe l'idée de substitution, ou la dimension des sacrifices de l'ancienne alliance (comme dans l'épître aux hébreux où Jésus est à la fois le grand prêtre et la victime). Autant de manières de rendre le "pour nous" , "pour notre libération" de la mort de Jésus.
Le thème sacrificiel est donc un parmi d'autres, mais dans l'histoire de l'Eglise, il a eu tendance à prendre toute la place. Et pour moi, c'est cela qui pose problème, d'autant plus que les fidèles (et les théologiens) n'avaient plus accès spontanément au sens de la pratique des sacrifices de l'AT. Ce qui me pose problème, c'est qu'alors on détache la mort de Jésus de l'ensemble de sa vie, de son message, de son acrtion libératrice, pour fixer l'attention sur la seule mort. On la sépare aussi de la résurrection. On oublie de voir que sa mort est bien la conséquence (acceptée et assumée) de tout son ministère et on en fait un moment unique de "sacrifice". De plus l'interprétation sacrificielle présente un Dieu qui aurait besoin de la mort d'un innocent pour remballer sa colère, cela donne l'image d'un Dieu "cruel"! Comment comprendre et adorer un Dieu qui veut la mort de son Fils pour apaiser sa colère contre l'humanité? Il y a là qch de morbide, surtout si l'on transforme ce qui au départ était un message de salut (avec des images sacrificielles parlantes pour les gens de l'époque et destinées à exprimer la libération opérée par la mort et la résurrection) en système théologique fermé, comme au Moyen-Age.
Toutefois, dans votre question, vous parlez du "sacrifice de Dieu pour le salut des hommes", et là on peut s'orienter vers une autre compréhension: si en effet, Jésus est le Fils, c'est bien Dieu lui-même qui entre dans notre histoire et qui prend sur lui toutes les conséquences du péché humain, jusqu'à la mort, au don de soi par amour! On peut parler alors d'un "sacrifice" (comme certains sacrifient leur vie pour que d'autres vivent ou pour leur patrie), mais pas dans le sens d'un apaisement d'une divinité courroucée, puisque c'est Dieu lui même qui entre dans la mort.... Voilà qui ouvre d'autres perspectives.
Dans le cadre de ce site, il est difficile d'aller plus loin, mais je pense aussi que la dimension "sacrificielle" peut garder un sens, mais c'est une interprétation parmi d'autres de la croix, et il est dommage qu'elle prenne toute la place!Aucun commentaire
Actualités protestantes
-
27.02.2025 - Derniers contenus de Réformés.chSunniva Gylver, l’évêque atypique de Norvège
-
27.02.2025 - Derniers contenus de Réformés.chL'EPG offre une seconde vie au temple de Saint-Jean
-
25.02.2025 - Derniers contenus de Réformés.chLaurence Bohnenblust-Pidoux est la première réformée romande
-
24.02.2025 - Derniers contenus de Réformés.chL’Evangile est-il de gauche? 4. La décroissance
-
24.02.2025 - Derniers contenus de Réformés.chLe Shodô ou l’harmonie au bout du pinceau