Dieu, masculin ou féminin ?
de Dieu soit totalement ignoré dans les Églises, même si elles pourraient le
mettre davantage en valeur.
Il y a d'un côté le problème des représentations que nous nous faisons de Dieu,
et de l'autre les insuffisances de notre langue française.
La Bible nous présente un Dieu dont les aspects sont aussi maternels ; j'en
prends deux exemples qui me paraissent convaincants.
Au psaume 111, verset 4, deuxième moitié, il est écrit : "Le Seigneur est bienveillant
et miséricordieux", littéralement : "Le Seigneur (est rempli) de sollicitude
paternelle et de tendresse maternelle."
Au livre du Deutéronome, chapitre 32, verset 21, Moïse adresse ce reproche à
Israël : "Tu as oublié le Dieu qui s'est tordu de douleur en te mettant au monde."
Dans le premier récit de la Création, Dieu décide de créer les êtres humains
à son image (Genèse 1, versets 26-27) ; il les crée hommes et femmes. Nous sommes
à l'image de Dieu ; c'est-à-dire que nous ressemblons à quelque chose qui ressemble
à Dieu. Ou plutôt à Quelqu'un qui ressemble à Dieu, c'est-à-dire à Jésus.
Cela veut dire que nous tous, hommes et femmes, garçons et filles, nous ressemblons
à Dieu. Nous sommes des êtres sexués ; notre masculinité et notre féminité sont
des caractères essentiels de notre identité. Si nous poursuivons cette réflexion
plus loin, nous pouvons comprendre que Dieu n'est en fait ni masculin ni féminin ;
il est au-dessus de ce genre d'identification. Il dépasse notre masculinité
et notre féminité. Je ne veux pas dire qu'il ait les deux sexes : il est en
fait différent de nous. Hommes et femmes, nous lui ressemblons ; nous avons un air
de famille avec lui, mais Lui-même ne nous ressemble pas.
Il y a aussi des arguments historiques et psychologiques en faveur de l'emploi
du genre masculin pour parler de Dieu. Il y avait, au temps de l'Ancien Israël,
mais aussi au temps de l'Empire romain, des cultes rendus à des déesses-mères,
liées à la fertilité, à la terre féconde et nourricière, etc. Il y a eu des réactions
contre les abus que ces cultes pouvaient entraîner. Certains psychanalystes
émettent l'hypothèse que la figure du père a été préférée à celle de la mère.
Ils évoquent des cas où l'amour maternel peut devenir étouffant. La figure du
père aurait été retenue de préférence pour décrire un Dieu qui est avant tout
céleste, libre vis-à-vis de la terre, un Dieu qui nous laisse vivre de manière
responsable, en adultes.
Autre remarque. J'aime à dire que si Jésus, au lieu de naître en Israël il y
a deux mille ans, devait naître en Europe ces jours-ci, il pourrait très bien
être une petite fille. C'est pour des raisons historiques et culturelles que
Jésus est né garçon, et qu'il est devenu un homme. Mais cet homme né de Dieu savait
aimer son prochain ; il s'adressait à tous sans se laisser arrêter aux barrières
des convenances. Jésus a vraiment fait preuve d'amour à l'égard de tous, adultes
hommes et femmes, enfants garçons et filles. Son amour, sa tendresse étaient celles
mêmes de Dieu. De sorte que nous n'avons pas besoin de nous l'imaginer marié
ou lié à une "petite copine" (comme le pensent certains auteurs qui prétendent
par exemple qu'il vivait avec Marie-Madeleine.) Jésus avait des disciples hommes et femmes. Détail
intéressant founi par l'évangile de Luc, c'étaient les dames qui faisaient vivre
le groupe ! (Luc 8, versets 2 et 3.)
En fait, pour parler de Dieu de manière correcte et équilibrée, il faudrait
trouver un langage qui ne soit ni macho ni ultraféministe. Comme la langue française
ne dispose que de deux genres, le masculin et le féminin (avec des traces de
neutre dans certains pronoms), c'est le masculin que nous employons, non par machisme,
mais par souci d'équilibre, par souci de ne pas entrer dans la querelle de l'identité
sexuelle de Dieu. C'est un masculin qui implique le féminin.
Votre question montre les difficultés que peuvent éprouver les femmes dans les
Églises. Mais n'oublions pas que les hommes ne sont pas tous des machos. Certains
d'entre eux sont particulièrement compréhensifs à l'égard des femmes. Nous tous,
hommes et femmes, nous avons chacun notre sensibilité. Je crois qu'il est important
de bien montrer que le christianisme est la religion de toutes et de tous.
Je pense qu'il est important que vous puissiez continuer à vous battre pour
faire entendre la voix des femmes dans les Églises.
Dieu est notre Père et notre Mère. Mais il est davantage encore que notre Père
et notre Mère. Il reste toujours à découvrir.
Bien amicalement.
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