Prédestination de Jésus ?

Question difficile et longue à traiter. Il faudrait commencer par expliquer
par ce que Jean Calvin entendait par la prédestination, et ensuite amorcer une
réflexion critique de l'interprétation que Jean Calvin a donnée de la prédestination.
En bref, clarifier la question, exposer la problématique, critiquer la réponse que
Calvin a donnée à cette question, à son époque, et ensuite, apporter un point
de vue actuel en proposant éventuellement d'autres pistes qui pourraient stimuler
notre réflexion.

Je ne suis pas dogmaticien, ni historien de l'Église (Calvin, c'est quand même
le 16e siècle !), mais il me semble important de souligner le fait que la prédestination
fait partie du mystère de l'amour de Dieu. Or, Jean Calvin ne fait nulle part
appel au mystère de l'amour divin, ce qui me paraît un sérieux handicap !

Pour ma part, j'essaie de faire prendre conscience à mes paroissiens que Jésus
les aime depuis toujours, déjà même avant leur naissance. Sinon, comment pourrions-nous
affirmer que l'événement de notre salut, c'est la mort de Jésus sur la croix,
que nous sommes à jamais solidaires de Jésus par notre baptême dans sa mort et
sa résurrection ?

Je crois à la prédestination de Jésus, parce qu'elle fait partie du mystère
de ce Dieu qui a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, de ce
Dieu qui nous aurait quand même donné son Fils si nous n'avions pas été pécheurs.
Là, ça ne vient pas de moi, je l'ai appris en étudiant l'oeuvre de Pierre Abélard
et la théologie orthodoxe... D'où l'intérêt de puiser à d'autres sources.)

Karl Barth a consacré une part importante de sa "Dogmatique ecclésiastique"
à la question de l'élection, qu'il a traitée de manière magistrale. Si je l'ai
bien compris, Barth nous aide à découvrir l'amour de Dieu, manifesté dans le
Père qui élit son Fils et en Jésus le Fils élu par son Père.

Si vous préférez des ouvrages de taille moins imposante, qui ne soient pas interminables,
je vous propose les deux opuscules suivants :
1. Francis Ferrier, "La prédestination", dans la célèbre petite collection "Que
sais-je ?"
2. Pierre Bühler, "Prédestination et Providence", collection "Entrée libre",
n° 43, chez Labor et Fides.

Avant de conclure, j'aimerais éviter un malentendu. "Que Dieu aurait son peuple
d'élus choisi à l'avance", c'est exact ; ça fait partie de notre foi en ce sens
qu'il faut en faire l'expérience : il est vital de nous sentir aimés depuis
toujours ; il nous faut témoigner de notre joie à faire partie du peuple élu.
Mais "que les personnes rebelles le restent", cela n'est pas tout à fait exact.
Calvin est resté discret à ce sujet. Ce sont ses successeurs qui ont durci son
enseignement en insistant sur le "revers de la médaille". Ils ont été plus royalistes
que le roi si vous voyez ce que je veux dire.

L'essentiel, pour finir, c'est de sentir aimé de Dieu, de l'aimer en retour,
et d'aimer son prochain comme soi-même. Bien à vous.