Les femmes s'engageant dans le ministère éloignent elles les hommes
(quelques Églises ont ouvert la voie avant la seconde guerre mondiale -notamment
à Zürich ou en Alsace-, mais c'est surtout à partir des années 50 que les femmes
ont pu, progressivement, avec certains statuts intermédiaires et diverses restrictions,
accéder à cette fonction). La féminisation de la fonction pastorale n'a pas
été sans difficulté ni méfiance, mais je ne pense pas qu'elle ait découragé
les vocations masculines. Les pasteurs en poste sont, aujourd'hui encore, majoritairement
des hommes. L'appel à l'exercice du ministère ne dépend -heureusement- pas du
sexe des futurs collègues !
Il me semble que votre question se rapproche des analyses de certains sociologues
qui constatent que plus une profession se féminise, plus elle se dévalorise :
son prestige social diminue en même temps que le salaire qui lui est attaché.
Il est vrai que la figure du pasteur a évolué : auparavant, il était avant tout
un prédicateur-docteur Ÿ, c'est-à-dire, un homme de la Parole, un notable
revêtu d'une autorité particulière. Aujourd'hui, le pasteur est devenu plutôt
un homme de l'écoute, un animateur Ÿ de communauté. L'arrivée des femmes dans
le ministère s'est inscrite dans ce contexte de l'évolution de la fonction pastorale.
Mais si cette fonction a perdu de son prestige social, les causes sont, à mon
avis, plutôt à rechercher du côté de la sécularisation globale de la société que de la
féminisation.
L'accès des femmes au ministère a été et continue d'être difficile pour certains
hommes pasteurs. Mais lorsque la collaboration est possible -ce qui est le plus
souvent le cas aujourd'hui-, elle s'avère fructueuse pour les deux partenaires
et pour la présence de l'Église au monde qui s'en trouve renouvelée. Pour terminer,
voici un extrait d'un ouvrage d'un homme pasteur qui met en avant les perspectives
ouvertes par le ministère des femmes : S'accepter soi-même telle qu'on est,
et risquer avec joie une activité dont on voudrait qu'elle contribue au mieux
général : c'est le mot d'ordre que les femmes pourraient incarner en priorité
afin d'entraîner leurs collègues masculins vers une révision de leur propre
identité professionnelle. La femme pourrait contribuer ici sérieusement à l'avenir
de l'homme, pourvu qu'elle soit en mesure de prendre en charge la précaire identité
pastorale et de lui redonner forme, contenu et style originaux. Ÿ (Pierre-Luigi
Dubied, Le pasteur : un interprète, Labor et Fides, 1990).
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