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Mohamed est-il annoncé par la Bible ?

norayr 18.02.2014 Thème : Christianisme et autres religions Bookmark and Share
Réponse de : Roland BenzRoland Benz

Je commence par citer complètement le texte du Deutéronome sur lequel vos amis musulmans argumentent pour dire que le prophète dont il est question serait Mohamed. Deutéronome 18.15-22 : « 15Le SEIGNEUR, ton Dieu, suscitera pour toi, de ton propre sein, d'entre tes frères, un prophète comme moi : vous l'écouterez ! 16C'est exactement cela que tu as demandé au SEIGNEUR, ton Dieu, à l'Horeb, au jour de l'assemblée, quand tu disais : « Que je ne continue pas à entendre la voix du SEIGNEUR, mon Dieu, et que je ne voie plus ce grand feu, afin que je ne meure pas ! » 17Le SEIGNEUR m'a dit : Ce qu'ils ont dit est bon. 18Je susciterai pour eux, parmi leurs frères, un prophète comme toi ; je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai. 19Si quelqu'un n'écoute pas mes paroles, celles qu'il dira en mon nom, c'est moi qui lui en demanderai compte. 20Mais le prophète qui aura l'arrogance de dire en mon nom une parole que je ne lui aurai pas ordonné de dire, ou qui parlera au nom d'autres dieux, ce prophète-là sera mis à mort. 21Peut-être te diras-tu : « Comment reconnaîtrons-nous la parole que le SEIGNEUR n'a pas dite ? » 22Quand le prophète parle au nom du SEIGNEUR (YHWH) et que la parole ne se réalise pas, qu'elle n'arrive pas, c'est une parole que le SEIGNEUR n'a pas dite. C'est par arrogance que le prophète l'a dite : tu n'auras pas peur de lui. »

 Vos amis musulmans résument ce passage en disant que Dieu suscitera un prophète tel que :

1) Il sera comme Moïse.

2) Il sera issu des frères des Israélites, c'est-à-dire les Ismaélites.

3) Dieu mettra Ses paroles dans la bouche de ce prophète et ce dernier dira tout ce que Dieu lui commandera.

Avant de reprendre ces trois points, je désire préciser deux choses :

1. Quand on cite un verset biblique, il faut veiller à ne pas l’isoler. Il faut tenir compte de son contexte (ce qui vient avant et après), de son genre littéraire et, si possible, du contexte historique. Or l’impression que me donne le texte de vos amis est qu’ils utilisent des versets bibliques en les isolant de leur contexte. Ils arrivent ainsi à des contresens.

2. En ce qui concerne l’Islam, sa référence absolue est le Coran, et non pas le Premier Testament (la Bible hébraïque) et le Nouveau Testament (chrétien) même s’il reprend, en les transformant, la vie et les paroles de nombreux personnages bibliques, notamment Jésus (‘Issâ) qui occupe une place éminente entre les serviteurs de Dieu (Coran 2:253). Il est nanti de signes (Coran 2:253; 43:63), il a reçu l’assistance du Saint Esprit (Coran 2:253). Jésus est une personne d’une très grande dignité aussi bien dans ce monde que dans l'autre monde (Coran 3:45). Toutefois deux différences importantes apparaissent. Pour le Coran, Jésus n’est pas le Fils de Dieu et il n’est pas mort sur la croix comme on peut le lire dans les versets, 3.54-53 et 4.157-158 soit : « Les fils d'Isrâil crurent vraiment qu'ils l'avaient crucifié, et ils s'en ventèrent même. Allâh a dit : {et à cause leur parole : "Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager d'Allah"... Or, ils ne l'ont ni tué ni crucifié; mais ce n'était qu'un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l'incertitude : ils n'en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l'ont certainement pas tué. Mais Allâh l'a élevé vers Lui. Et Allâh est Puissant et Sage.} » Or, dans le Nouveau Testament, et pour la foi chrétienne, la mort de Jésus sur la croix est une vérité centrale et essentielle. Généralement, les musulmans disent que ce sont les chrétiens qui ont falsifié les textes bibliques ! Ce qui est difficile à imaginer, puisque parmi les milliers de manuscrits retrouvés aucun ne va dans le sens de cette thèse. Si pour les musulmans le Coran seul est considéré comme parole de Dieu, puisque c’est le fondement de leur foi, la Bible n’est qu’un livre intéressant à lire. Il est dès lors assez curieux d’utiliser un texte biblique (ici Dt 18.15-23) pour dire que le prophète annoncé par elle serait Mohamed, alors que l’Islam ne lui reconnaît justement pas d’autorité. Soit la Bible est la référence et le Coran devrait s’accorder avec elle, soit le Coran est la référence et il ne peut utiliser la Bible comme référence.

3. Le livre du Deutéronome (deutéro= deuxième, nomo = loi) est un rappel des lois de Moïse, adaptées à un nouveau contexte, plusieurs siècles après, par des théologiens juifs entre le 8e et le 6e s. avant notre ère et écrit en terre d’Israël (l’écrivain parle des paroles révélées à Moïse de l’autre côté du Jourdain : Dt.1.1 et 5, alors que Moïse n’est pas entré en Canaan). Il est écrit dans un contexte de troubles importants pour le royaume de Juda (voir 2Rois 22 à 25) où le rôle des prophètes est primordial. Certains sont des prophètes selon Dieu, par exemple Jérémie, et d’autres sont de faux prophètes. C’est pourquoi notre texte met l’accent sur le prophète que Dieu veut susciter. Le texte de Dt.18.15-22 s’adresse explicitement à des Israélites qui ne sont plus dans le désert, mais en proie aux idoles de Canaan, et qui n’auront plus de révélation aussi forte comme la théophanie avec feu et tonnerre sur le mont Sinaï, mais une révélation plus douce donnée par un prophète suscité par Dieu.

Reprise des trois points

1) Il sera comme Moïse. Vos amis font une comparaison entre Moïse et Mohamed en repérant des analogies, pour en tirer la conclusion que « cette prophétie s'applique au prophète Mohamed et non pas à Jésus, car Mohamed ressemblait plus à Moïse qu'à Jésus. » D’abord, de simples analogies ne peuvent conduire à la conclusion d’une similitude, en tout cas on ne peut pas de façon arbitraire conclure que le prophète annoncé est obligatoirement Mohamed. Comparaison n’est pas raison ! Dieu a suscité en Israël des prophètes après Moïse, par exemple Elie, Elisée, Esaïe, Jérémie, etc. qui ont parlé de la part de Dieu, bien avant Mohamed ! Vos amis citent ensuite l’Evangile de Jean ch1 et affirme que Jésus n’était pas considéré comme prophète ! Faux ! Il est certes confessé comme le Fils de Dieu dans l’évangile de Jean notamment, mais Jean-Baptiste, en répondant aux pharisiens qu’il n’est pas lui-même le prophète attendu mais qu’il lui prépare le chemin, fait directement allusion au passage de Dt 18.15-22. Jésus est donc pour Jean-Baptiste le prophète de Dieu annoncé, comme le confirme par exemple le verset de Jean 6.14 : « A la vue du signe qu’il (Jésus) venait d’opérer, les gens dirent : « Celui-ci est vraiment le Prophète, celui qui doit venir dans le monde. ». Et dans ce premier chapitre de Jean, on peut relever une dizaine de titres attribués à Jésus : La Parole (faite chair), Le Fils de Dieu, Le Fils unique du Père, Le Christ (= le Messie), Jésus le Christ, Prophète, L’Agneau de Dieu, Rabbi (Maître), Jésus de Nazareth, fils de Joseph, Le Roi d’Israël, Le Fils de l’homme. Ailleurs, on voit encore les titres de Serviteur, Sauveur, Rédempteur, Grand-Prêtre, Juste, Saint, Fils de David… Comme Messie, il remplit les trois fonctions majeures dans le peuple d’Israël : prêtre, prophète et roi. D’autre part, dans le livre des Actes, ch 3.12-26, le discours de l’apôtre Pierre reconnaît clairement que Jésus est le prophète annoncé par Moïse, en citant Dt 18.18, et aussi par tous les autres prophètes (v. 22-23). Dans ce même discours, Pierre affirme : « Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a glorifié son Serviteur Jésus que vous, vous aviez livré et que vous aviez refusé en présence de Pilate décidé, quant à lui, à le relâcher. 14Vous avez refusé le Saint et le Juste, et vous avez réclamé pour vous la grâce d’un meurtrier. 15Le Prince de la vie que vous aviez fait mourir, Dieu l’a ressuscité des morts – nous en sommes les témoins. » (Actes 3.13-15). Vous remarquez dans ce passage les différents titres donnés à Jésus et aussi que Pierre affirme qu’il est mort et ressuscité. Donc, la thèse de vos amis musulmans, à savoir que Jésus ne peut pas être considéré comme prophète, ne correspond pas aux textes du Nouveau Testament.

2) Il sera issu des frères des Israélites, c'est-à-dire les Ismaélites. Le texte de Dt 18.15-22 dit clairement et à deux reprises : que le prophète sera issu du peuple d’Israël et non pas d’un autre peuple : 15Le SEIGNEUR, ton Dieu, suscitera pour toi, de ton propre sein, d'entre tes frères, un prophète comme moi… » et 18Je susciterai pour eux, parmi leurs frères, un prophète comme toi… » Dans le texte, la parole de Dieu n’est pas adressées aux fils des Israélites, mais à Moïse. Donc les frères, ce sont les frères de Moïse, soit les Israélites eux-mêmes et certainement pas les Ismaélites. Ceux-ci sont certes fils d’Abraham, mais, dans la perspective biblique ne sont pas porteurs de la révélation comme la descendance d’Isaac, son frère. On peut aussi remarquer à ce sujet que le Coran ne suit pas le texte biblique en ce qui concerne le fils demandé à Abraham en sacrifice (qui n’est en fait pas sacrifié ou tué mais ligaturé sur l’autel pour ensuite être remplacé par un animal). Le Coran désigne Ismaël alors que dans la Bible, il s’agit d’Isaac (voir Gn 22). Autre divergence ! (Le fait qu’Isaac ne soit pas sacrifié correspond à l’interdiction des sacrifices humains pratiqués dans certains peuples de Canaan, Edom par exemple) Ismaël a douze fils, qui deviennent chefs de peuple : et effectivement, Qédar (ou Kédar) est l’un d’eux. Il est cité dans Esaïe 42.11. Or que dit ce chapitre du prophète Esaïe ? Il parle du Serviteur de l’Eternel ou serviteur du Seigneur YHWH, qui n’a rien d’un conquérant, comme Mohamed : « 1Voici mon serviteur, que je soutiens, celui que j'ai choisi et que j'agrée. J'ai mis sur lui mon Esprit; il imposera l'équité aux nations. 2Il ne criera pas, il n'élèvera pas la voix, il ne se fera pas entendre dans les rues. 3Il ne brisera pas le roseau qui ploie, il n'éteindra pas la mèche qui vacille ; il imposera loyalement l'équité. 4Il ne vacillera pas, il ne ploiera pas, jusqu'à ce qu'il ait installé l'équité sur la terre ; les îles attendent sa loi. 5Ainsi parle Dieu, le SEIGNEUR, celui qui crée le ciel et qui le déploie, celui qui étale la terre et ses productions, celui qui donne la respiration à ceux qui la peuplent et le souffle à ceux qui la parcourent : 6Moi, le SEIGNEUR (YHWH), je t'ai appelé pour la justice et je te prends par la main, je te préserve pour faire de toi l'alliance du peuple, la lumière des nations, 7pour ouvrir les yeux des aveugles, pour faire sortir de la forteresse le prisonnier et de la maison de détention les habitants des ténèbres… » Le serviteur du Seigneur est source de paix, de guérison et de délivrance. C’est une bonne nouvelle pour tous les peuples de la terre qui mérite louange : 10Chantez pour le SEIGNEUR un chant nouveau, Chantez sa louange depuis les extrémités de la terre, vous qui voyagez sur la mer et vous qui la remplissez, les îles et leurs habitants ! 11Que le désert et ses villes élèvent la voix, ainsi que les villages où habite Qédar ! Que les habitants de Séla poussent des cris de joie ! Que du sommet des montagnes ils lancent des cris de triomphe ! » C’est dire que cette bonne nouvelle s’étendra aux peuples du monde entier, jusques dans les montagnes et les îles les plus reculées. Les habitants des déserts et des villages de Qédar seront aussi concernés ! Contrairement à ce qu’affirment vos amis, le serviteur de l’Eternel ne sera pas un descendant de Qédar, mais son message ira jusqu’aux habitants de Qédar ! Autre contresens malheureux ! Au début de son ministère, Jésus entre dans la synagogue de Capernaüm, et il ouvre le rouleau du livre d’Esaïe au ch. 61, (qui ressemble fort au ch 42) , et il lit : 18L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a conféré l’onction (c-à-d. il a fait de moi le Messie) pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté, 19proclamer une année d’accueil par le Seigneur. 20Il roula le livre, le rendit au servant et s’assit ; tous dans la synagogue avaient les yeux fixés sur lui. 21Alors il commença à leur dire : « Aujourd’hui, cette écriture est accomplie pour vous qui l’entendez. » (Luc 4.18-21) Jésus s’attribue lui-même les paroles du prophètes Esaïe concernant le serviteur du Seigneur.

3) Dieu mettra Ses paroles dans la bouche de ce prophète et ce dernier dira tout ce que Dieu lui commandera. Certes, c’est la foi musulmane que de croire que le Coran a été dicté à Mohamed par l’ange Gabriel, tel que le disent vos amis : « Les paroles de Dieu (le Coran) furent vraiment mises dans la bouche de Mohamed . Dieu a envoyé l'Ange Gabriel à Mohamed pour lui enseigner Ses paroles exactes (le Coran), et Gabriel a demandé à Mohamed de les dicter telles qu'il les entendait à son peuple. » Je respecte cette foi, même si je ne peux pas y souscrire. Mais ce que je n’accepte pas, en tant que chrétien, c’est la manipulation des textes bibliques. Car quand vos amis musulmans disent « Cela signifie que quiconque croit à la Bible doit nécessairement croire ce que ce prophète dit, et ce prophète est le prophète Mohamed », je vous avoue être profondément heurté et choqué. Je trouve inquiétant que « des frères musulmans » veulent m’imposer leur conception au nom d’une interprétation fallacieuse des textes bibliques qui sont la référence de ma foi. J’espère vous avoir éclairé. Je vous invite à lire un témoignage, celui d’un jeune marocain venu en France pour ses études. Il raconte comment il a confronté sa foi musulmane au christianisme : Je croyais en ‘Issa, j’ai rencontré Jésus. Attar Jamel, Edition Ourania ou le témoignage de Siham : http://www.youtube.com/watch?v=-LPVNkWb_j4



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