Le prince de ce monde
Je suis de plus en plus mal à l'aise avec les interprétations que j'entends chez les évangéliques où on nous apprend que le diable
peut se cacher dans toutes sortes de choses, que c'est lui qui domine tout. Finalement il faut vivre dans une méfiance continuelle
et je trouve cela écrasant.
Comme par exemple comme quand on nous dit que l'on peut être trompé par le diable ou même possédé si on pratique les arts martiaux,
ou certaines médecines dites alternatives, ou le yoga... Cela entraînerait logiquement que des millions de gens qui pratiquent ces disciplines seraient des possédées en puissance ? En même temps quand j'essaie d'aborder le sujet avec des responsables d'église c'est ces versets que l'on me cite. Mais je trouve ça si effrayant !
Bonjour,
Ce qui me frappe dans votre question, c’est ce quelque chose d’un peu paranoïaque dans les méfiances que vous évoquez. Et il ne suffit pas d’aligner des versets bibliques isolés de leur contexte pour les contrer. Pour cela, il faut revenir à la base du message biblique que l’on retrouve dans l’étymologie même du mot : Evangile. Il veut dire : « bonne nouvelle ». Bonne nouvelle, c’est à dire : joie de se découvrir aimé sans conditions, joie de savoir que Dieu se tient à nos cotés dans le monde. Si la foi au Dieu de Jésus-Christ, proclamée dans l’Evangile, conduit à une peur écrasante du monde, c’est qu’il y a un problème. Un problème de confiance dans la présence de Dieu à nos cotés, un problème de confiance aussi dans notre capacité personnelle de discernement, sous l’inspiration du Saint-Esprit, de la juste attitude à avoir dans ce monde.
Certes, il existe des textes bibliques (auxquels vous faites allusion dans votre question) qui incitent à se méfier du monde. Mais ces textes, qui peuvent être d’utiles avertissements, ne sont pas les seuls, ni même les plus nombreux. Il en existe d’autres qui nous disent tout d’abord que la création est l’œuvre de Dieu et qu’il s’en réjouit (Gn 1, 10 et 25). Il ne l’a pas abandonné aux forces du chaos et du mal (ps 104,5-9). Et cette création, Dieu l’a faite pour nous, afin que nous puissions y vivre ensemble en communion avec Lui. Il l’aime au point d’y envoyer son Fils, son unique (Jn 3,16). Alors certes, cette création est inachevée et donc imparfaite. On y trouve encore la présence des forces du chaos (le mal) et celles-ci sont effectivement une menace pour notre communion avec Dieu. Dans cette situation, Dieu nous a donné un autre atout pour aborder cette situation avec confiance : notre discernement. Sous l’impulsion du Saint Esprit, nous sommes rendus capable de discerner ce qui est bon pour nous (cf. lettres de Paul et en particulier : 1 Th 5,21). Nous sommes invités à examiner toutes choses et à retenir ce qui est bon. Dieu nous fait confiance pour discerner ce qui est bon pour nous et pour cela il nous offre son Esprit. Le critère principal de discernement mis en avant par l’apôtre Paul est celui de la croissance de la communion fraternelle et du rayonnement de l’Evangile dans le monde (1 Co 10,23-24).
Entre ces deux affirmations fortes, s’ouvre pour nous un chemin qui nous permet d’avancer dans le monde avec confiance.
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