Pourquoi les chrétiens qui meurent dès maintenant sont-ils bienheureux?

Il faut comprendre cette déclaration de Dieu sur l’arrière-fond de la conviction des premières Églises que le Christ devait revenir très bientôt. Or des chrétiens moururent avant que le Christ soit revenu. L’Apocalypse dit ici que ces chrétiens décédés sont néanmoins bienheureux. L’important, c’est qu’ils soient « morts dans le Seigneur », en croyants. S’ils sont bienheureux, c’est qu’ils ont assez peiné, voire assez souffert. Ils sont en droit de maintenant connaître le repos. Comment faut-il ensuite comprendre le fait que « leurs œuvres les suivent » ? Dans la littérature juive de l’époque, on affirme que les œuvres des justes les précèdent auprès de Dieu. Ici le rapport est inversé : les œuvres des croyants les suivent. Dans le judaïsme, les œuvres sont l’important. Dans le christianisme, c’est la personne des croyants qui l’est. Les œuvres, qui ne sont que l’expression de ce qui se vit à l’intérieur de l’homme, sont secondaires, même si elles servent de base au jugement (2.23 ; 22.12), mais seulement parce qu’elles manifestent cette intériorité. Quand du reste on fait le catalogue des œuvres bonnes énumérées par l’Apocalypse on s’aperçoit qu’il s’agit essentiellement de « vertus » chrétiennes relevant plus de l’intériorité que de la pure extériorité. Ce sont par exemple l’amour, la foi, le service, la persévérance (2.19).