Comment interpréter la Genèse?

Bonjour,

Nous avons déjà souvent évoqué cette question sur ce site. Il est clair que les 11 premiers chapitres de la Genèse ne sont pas des récits "scientifiques" sur le commencement de l'univers, mais qu'ils sont des livres "symboliques" ou des "mythes" (reprenant d'ailleurs, en les corrigeant dans une perspective monothéiste strict, d'autres mythes environnants) qui tentent de rendre compte du statut du monde, de l'univers par rapport à un Dieu qui se trouve hors du monde, qui n'en est pas un élément (thème de la création), et du statut de l'être humain dans cette création (sa vocation à être le représentant de Dieu sur terre, son échec dû à sa volonté de prendre la place de Dieu et de ne plus vivre son existence dans la relation de dépendance/communion). 

"Symbolique" ou "mythique" ne signifie donc pas "faux", mais d'une vérité qui est existentielle et non factuelle. Cela implique le lecteur qui ne doit pas lire ce mythe comme il lirait un article d'une revue scientifique sur le comment du big bang, mais qui est invité à retrouver la communion avec Dieu pour rétablir des relations de justice avec les autres êtres humains (cf. récit de Caïn et d'Abel), et avec l'ensemble de la création. Toute la Bible nous montre ce chemin de rétablissement de l'Image de Dieu en l'homme, qui trouve son accomplissement avec la venue de Jésus_christ, Nouvel Adam comme le dit Paul, Logos comme le dit Jean, Image pleine de Dieu comme l'affirme l'épître aux Colossiens, Accomplissement de la Création... Et il faut alors relire le prologue de Jean en lien avec les premiers chapitres de la Genèse! 

On le voit, c'est infiniment plus riche qu'une lecture "littérale" ou "littéraliste" et cela correspond à la lecture traditionnelle de ces récits. En fait cette question n'a surgi que dans la période moderne, avec l'essor de la science expérimentale et de ses découvertes. C'est à cette époque qu'on a lu la Bible comme un livre scientifique pour s'opposer aux conclusions "scientifiques" jugées anti-religieuses. Il est vrai que le "scientisme" a parfois outrepassé les hypothèses scientifiques pour proposer des conclusions philosophiques ou métaphysiques! Il me semble important de ne pas méler les genres et de séparer clairement les discours: - Un discours scientifique "expérimentale" qui repose sur des hypothèses toujours à réviser et qui explique le "comment" de notre monde, de notre univers, de l'évolution, etc... - Un discours métaphysique ou philosophique, avec ses propres critères, qui essaie de rendre compte d'une cohérence de l'ensemble des phénomènes dans un système d'explication globale (et les scientifiques ont tout à fait le droit d'avoir des convictions philosophiques et de développer une "Weltanschauung" une "conception globale du monde" à partir de leurs recherches. Ils doivent simplement dire clairement quand ils font le pas des hypothèses vérifiables à des conséquences philosophiques et métaphysiques) - Enfin le domaine religieux du mythe, du symbole, relayés par les rites, qui nous dise le sens de notre vie sur terre dans le face à face avec Celui que nous nommons Dieu, mais dont la science ne peut ni confirmer ni infirmer l'hypothèse! Là, nous ne sommes plus dans le domaine du savoir, ni même de la croyance, mais de la foi! C'est un tout autre registre!