Quellevision de la Toute Puissance de Dieu chez Carl Keller?
M.Cornuz, quelle était la vision de la toute-puissance de Dieu du point de vu de Carl A keller?
Bonjour,
Vous posez une question difficile sur ce théologien très atypique qu'est Carl-A. Keller. J'ai en effet essayé de trouver dans ses écrits une théorisation de cette problématique, en vain... même pas dans Calvin mystique qui aurait pu traiter cete question à partir de la perspective calvinienne de la double prédestination... Or, pourtant dans beaucoup de passages de ces écrits Carl Keller parle du Dieu Tout Puissant comme une sorte d'évidence non problématisée. On a vraiment l'impression que pour lui , la Toute Puissance est un attribut essentiel de Dieu: si Dieu n'est pas tout puissant, il n'est pas Dieu... ce qui personnellement me met quelque peu mal à l'aise! Pour Carl Keller , la mort du Christ en croix ne signifie pas un changement de paradigme théologique (le Dieu qui se révèle à travers l'impuissance!), comme dans la théologie luthérienne (qu'il n'aimait guère), mais est lue à travers le prisme sacrificiel....
Ayant connu Carl Keller, je dirais que cette conception venait d'une conception d'un Dieu totalement englobant, d'où sa manière de comprendre la mystique : Dieu est Tout, l'homme est néant... La créature a à s'effacer pour laisser toute la place à ce Dieu et n'a pas à essayer de comprendre ses desseins... De plus, il aimait citer un verset d'Esaïe qui fait toujours froid dans le dos où Dieu se dit créateur du bien comme du mal (45, 7), verset qui pose un certain nombre de problèmes, mais qu'il interprète comme le fait que le mal (ou malheur) est aussi englobé en Dieu... Au moment du Tsunami, je me rappelle que Carl Keller avait une vision très "punitive" de la catastrophe: Dieu manifeste par ces catastrophes sa Toute Puissance pour punir les hommes et les faire se convertir... Une telle théologie est très problématique, car l'on part dans des abstractions au sujet de Dieu (pour sa défense) en minimisant les souffrances humaines...et cela risque de transformer Dieu en un "Dieu pervers". Pour moi, c'est vraiment le point faible de la théologie de Carl Keller, qui était par ailleurs un très grand spirituel!
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