le chrétien, un yogi détaché de tout lien affectif?

Bonjour,

 Il est vrai que ces versets peuventposer de sérieux problèmes : le détachement total pourrait aboutir à une indifférence relationnelle qui est contraire à l'esprit évangélique, où l'amour a une place centrale. Or quand Jésus parle de l'amour, ce n'est pas d'un amour universel tellement général qu'il ne concerne plus personne, mais bien l'amour des personnes concrètes à nos côtés, nos "prochains". Ces versets sont aussi utilisés par certains milieux sectaires pour favoriser une rupture des liens familiaux; il me semble que ce n'est pas non plus la perspective de Jésus... Et pourtant, la Genèse (vocation d'Abraham que vous citez) et Jésus parlent bien d'un détachement semble-t-il radical.... Comment comprendre? Je comprends votre perplexité!

Il me semble que le but de ces détachements est toujours l'établissement de nouveaux liens dans la liberté, jamais pour une vie solitaire sans "autres": Abraham doit quitter famille, pays, pour entrer dans la Terre promise où une vie relationnelle bénie lui est promise. Jésus se détache de sa famille terrestre pour établir des liens spirituels avec ceux et celles qui font la volonté de Dieu et qui sont sa nouvelle famille. Et je ne crois pas que Jésus était comme un yogi solitaire: on le voit toujours dans l'évangile entouré de ses disciples, hommes et femmes. "Jean" est qualifié de disciple que Jésus aimait... A la croix , selon l'évangile de Jean, Jésus lui confie même sa mère... donc, malgré des paroles semble-t-il dures, il y avat une réelle affection de Jésus pour les siens...

Ces versets semblent donc non supprimer toute forme de relation mais établir une qualité nouvelle de relation, dans l'Esprit pour reprendre un vocabulaire évangélique. Plus psychologiquement, on pourrait parler de relations où l'on n'est pas dévoré par l'autre!

Sur ces thèmes, la psychanaliste chrétienne Marie Balmary a écrit de très belles pages, notamment dans son livre magnifique "le sacrifice interdit" où elle revient longuement sur la vocation d'Abraham, mais aussi sur les autres textes que vous citez. Je vous en conseille la lecture. A un moment elle fait cette distinction :

Relier - délier - allier