Quelle place pour les liens familiaux?
Or, dans Matthieu 5, 46-47, Matthieu 10, 37 ou encore Matthieu 12, 46.50, Jésus ne nous invite t-il pas à défavoriser les liens familiaux pour nous inviter à aimer du même amour l’étranger comme notre propre frère ?
Cette question m’amène à m’interroger de façon plus générale sur la place de la famille et le rapport du chrétien avec celle-ci.
Merci de m’éclairer.
Bonjour,
Le texte de I Timothée que vous évoquez est un peu particulier, puisqu'il parle des "veuves" qui avaient un ministère particulier dans l'Eglise primitive. Elles étaient en même temps soutenues par la communauté, mais y exerçaient aussi un service. L'auteur de l'épître s'insurge contre une pratique de non-soutien matériel de la part de la famille qui se déchargeait ainsi sur la communauté des charges matérielles (à une époque où les assurances sociales étaient inexistantes)! Il y a donc une responsabilité à assumer vis-à-vis des membres de sa famille, particulièrement des plus faibles.
Mais vous avez raison, de nombreux textes de l'évangile parlent aussi d'une forme de "rupture" d'avec la famille. Jésus lui-même pouvait être en porte à faux vis-à-vis de sa propre famille (cf Marc 3, 31 à 35). Y aurait-il contradiction?
Je ne le pense pas. La psychanaliste Marie Balmary dans un de ses livres (le sacrifice interdit) dit à propos d'Abraham qu'il y a une coupure à effectuer avec le milieu englobant pour retrouver ses proches dans une certaine forme de liberté. Elle emploie trois verbes pour caractériser ce processus : Relier - délier - allier. Je trouve ce propos très significatif, notamment pour les liens familiaux :
Relier, c'est le lien non choisi, le lien "naturel" où je n'ai d'existence que par rapport à la famille englobante, sans être sujet de ma propre vie. Ce peut être un terrible poids du milieu familial qui peut vouloir diriger ma vie et faire pression sur moi (au nom des convenances, des traditions, etc...)
Délier: C'est l'invitation de Jésus à sortir de ces liens englobants pour exister en tant que sujet, personne responsable devant Dieu, comme Père. Chaque personne est directement rattachée à l'Absolu, ce qui permet de sortir de la confusion englobante et relativise ainsi le lien familial (cf. les textes que vous mentionnez).
Allier: Le déliement n'entraîne toutefois pas une solitude et la perte des responsabilités vis-vis de la famille. J'existe comme personne autonome pour créer des liens d'amour dans la liberté avec mes proches comme avec les plus lointains... Je ne suis plus dans la pression et la confusion familiales, mais je suis une personne capable de tisser des relations affectives avec d'autres sans être englouti par la famille, mais sans non plus la négliger. Dans cette "alliance" dans la liberté et l'amour, j'ai ma part de responsabilité vis-à-vis de ma famille, et là nous pouvons rejoindre l'exhortation de l'Apôtre dans I Timothée.Commentaires
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Pascale04.12.2009
Merci pr cette question et pr cette réponse qui me semble très correcte et juste. Je me pose actuellement beaucoup de questions quant à ma relation à ma famille, et la réponse que je viens de lire ici m´interpelle énormément et va sans aucun doute beaucoup m´aider dans mon cheminement.
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